Petit guide pratique, précis et sans langue de bois pour préparer sa retraite

Épargne, investissements, produits financiers, etc. Dans ce guide, nous allons étudier sommairement le fonctionnement de l'économie capitaliste et aborder les concepts financiers fondamentaux afin de préparer sa retraite à long terme.

Ponton sur l'étang de Thau, colline de Sète en arrière plan

Être freelance, c'est aussi apprendre à devenir un peu plus indépendant financièrement. Gérer son budget, sa compta, ses cotisations, sa complémentaire santé, tous ces trucs dont l'importance est proportionnelle au niveau d'ennui que provoque leur simple évocation.

Et puis il y a la retraite. La tendance actuelle est à la morosité et au doute, (si si, j'en vois qui doutent, là, au fond) et seul·e·s les plus optimistes d'entre nous s'imaginent encore vivre décemment grâce à la pension que nous versera le gouvernement dans 10, 20, 30 ou 40 ans.

En 2014, je ne sais quelle mouche m'a piqué, j'ai décidé que j'allais essayer d'être un adulte responsable pendant au moins une ou deux semaines, le temps de commencer à prendre des mesures pour embellir mes vieux jours.

J'ai donc passé de nombreuses heures à avaler des bouquins, parcourir des forums, discuter avec des gens instruits et acheter des revues d'adultes responsables comme « Capital », « Que choisir » et « Pif Gadget » (le dernier étant destiné à m'aider à conserver ma santé mentale).

On trouve vraiment tout et n'importe quoi sur le Web et dans la presse, et j'ai vraiment galéré à trouver des ressources censées. Je vais donc tâcher d'écrire l'article que j'aurais aimé lire il y a dix ans  voici mon petit guide pratique, précis et sans langue de bois pour préparer sa retraite.

Avertissements

Ce billet hors-sujet parle d'économie, d'épargne, d'investissements, et de tas d'autres trucs rébarbatifs. Si ces sujets ne vous intéressent pas, je vous dispense de lire la suite.

Je ne suis pas économiste, ni banquier, ni infaillible. Je suis un français moyen, et ceci est le fruit de mes recherches personnelles. Je peux aussi me tromper et raconter des conneries (je sais, je sais… c'est dur à croire).

On pourrait écrire des livres entier sur les sujets abordés ici (d'ailleurs, on l'a fait). J'ai essayé d'aller à l'essentiel, mais il est évident que j'ai dû laisser de côté certains trucs.

L'économie n'est pas une science exacte. C'est un système complexe, composé d'agents imprévisibles ayant des réactions irrationnelles. Il est toujours facile d'expliquer un mécanisme économique après coup, mais impossible de le prévoir à l'avance.

En tant qu'ingénieur habitué à travailler avec des machines déterministes, c'est un peu déroutant. J'ai tenté d'appliquer une approche rationnelle et méthodique, mais il faut garder à l'esprit que rien n'est sûr à 100%. Il y aura donc toujours un compromis risque / profits à trouver.

Par conséquent, je vais donner ici les solutions que j'ai adopté et qui me semblent les plus sûres et les plus pertinentes aujourd'hui dans mon cas personnel. Il va sans dire que je ne pourrai en aucun cas être tenu responsable des conséquences des décisions que vous prendrez suite à la lecture de ce billet. Merci de ne pas vous départir de votre bon sens lorsque vous prendrez des décisions qui impliquent votre avenir et celui de votre famille.

Que signifie « Préparer sa retraite » ?

Des façades d'Agde le long de l'Hérault

Voici quelques précisions sur l'article qui va suivre.

Par « préparer sa retraite », j'entends ici « mettre de côté un gros paquet de fric pour bénéficier plus tard d'un maximum d'indépendance financière ». C'est donc un billet qui ne concerne que l'aspect financier du problème.

Mon but est de mettre en place un système qui permet d'arriver à ce résultat : avoir un gros tas de pognon à long terme.

Ce système doit répondre à un certain cahier des charges. Il doit être :

  • légal : parce que c'est moins stressant et que visiter la prison locale ne fait pas partie de mes objectifs ;
  • éthique : dans la mesure du possible, j'aimerais essayer de ne pas contribuer à bousiller la planète ni mettre de pauvres innocents sur la paille ;
  • simple : parce que je veux comprendre ce que je fais, et limiter ainsi le risque d'erreur dramatique ;
  • automatique : parce que j'ai autre chose à foutre, j'aimerais que ce système demande le moins de maintenance possible.

Ces paramètres sont plus ou moins incompatibles, à chacun de trouver le compromis qui lui convient.

Je vais commencer par un peu de théorie avant d'aborder les aspects pratiques.

Les types de revenus

Il existe deux types de revenus :

  • le revenu du travail ;
  • le revenu du capital.

Le revenu du travail, c'est quand vous donnez du temps, de l'énergie et de la compétence pour produire de la valeur, et que vous recevez une compensation financière en retour. Notez que vous n'êtes pas vraiment obligé de produire de la valeur, il suffit d'enfumer tout le monde pour le faire croire (e.g consultants, managers, etc.), mais ça ne change rien à l'affaire.

Le revenu du capital, c'est quand vous êtes détenteur d'une ressource que vous mettez à disposition d'autres en échange d'une contrepartie financière.

Exemple : je possède une tondeuse. Je peux tondre la pelouse de mon voisin, et être rémunéré. C'est le revenu du travail. Je peux aussi louer ma tondeuse à mon neveu qui ira tondre la pelouse et sera payé à ma place. Ma compensation financière sera moindre, mais c'est beaucoup moins fatiguant. C'est le revenu du capital.

En début de vie active, le travail est en général la principale ressource du péquenot moyen. Ça tombe bien, à 25 ans, on a l'énergie, la santé et la motivation. Plus le temps passe, et plus ces ressources se raréfient. À l'âge de la retraite, il devient difficile de vivre des revenus du travail. Il faut donc que prennent la relève les revenus du… du ? du capital ! (bravo à ceux qui suivent).

Préparer sa retraite revient à donc à constituer patiemment un capital apte à générer suffisamment de revenus.

Mais je ne veux pas devenir un sale capitaliste ?!

Acheter des actions ? Sauve(iétique) qui peut !

Dans l'esprit de certains gauchistes (dont moi-même, je l'avoue), capitalisme = pas glop. On me parlera de l'exploitation des ouvriers, de lutte des classes, de l'injustice de gagner des sous à ne rien faire, etc.

Néanmoins, notre monde moderne est ainsi fait qu'aujourd'hui, pour produire de la valeur, il faut :

  • du capital ;
  • du travail.

Pour tondre la pelouse de mon voisin, il faut une tondeuse, et un bonhomme en salopette qui manie ladite tondeuse.

J'ai dû travailler pour me payer cette tondeuse. J'ai donc produit de la valeur, été rémunéré, et ai choisi d'investir une partie de cette rémunération pour me procurer un capital.

En louant ma tondeuse à mon neveu qui n'en a pas, je lui permets de bosser cet été, donc de produire de la valeur. Je produis de la valeur, il produit de la valeur, tout le monde y gagne, tout le monde est content, et les pelouses sont bien tondues. Telle est l'essence théorique du capitalisme.

Le capitalisme a bien sûr ses dérives : répartition des revenus capital / travail, transmission du capital par l'héritage, accumulation du capital jusqu'au grotesque, etc. Là, d'accord. Mais ce sont des questions faramineusement complexes, et nous n'en discuterons pas ici parce que Miximum n'est pas encore un blog sur l'économie, que je sache.

Combien de capital me faut-il ?

Rentrons dans le vif du sujet. Combien dois-je mettre de côté pour préparer ma retraite ? Je vais sortir des chiffres de mon chapeau qui seront expliqués plus loin, c'est juste pour la démonstration.

Imaginons que je souhaite accumuler un capital qui me permettrait de gagner le Smic. Celui-ci se situe en 2015 aux alentours de 1500€ brut (un poil moins, mais c'est pour faciliter les calculs). Annuellement, cela nous donne une somme de 18 000€.

En France, le rendement moyen du capital se situe aux alentours de 5% ; c'est à dire que tous les ans, je reçois une somme de pognon équivalente à 5% de mon capital total.

Soit X la valeur de mon capital telle que X * 5% = 18 000. Le calcul est très simple et nous donne une valeur de 360 000€.

Si je dois réunir cette somme uniquement en glissant des billets sous le matelas tous les mois, que je commence à 20 ans et que je compte prendre ma retraite à 60, il me faudra épargner mensuellement la somme de 1000€.

On comprends que c'est totalement irréalisable quand le salaire net médian en France tournait en 2012 aux alentours de 1730€.

Vile inflation

Comme si ça ne suffisait pas, la valeur d'un euro n'est pas constante dans le temps. En gros, plus le temps passe, moins cet euro a de la valeur, ce qui revient à dire que je peux acheter de moins en moins de trucs avec. On appelle ce phénomène « l'inflation ».

Un taux d'inflation de 2% signifie que les prix sont multipliés par 1,02 tous les ans (sauf ceux de la SNCF, qui augmentent beaucoup plus).

Si une tondeuse vaut 100€ aujourd'hui, et que l'inflation est à 2%, elle vaudra 102€ l'année prochaine. Ça n'a l'air de rien, mais si l'inflation se maintient dans le temps, il suffira de 35 ans pour que ma tondeuse double de prix. C'est le principe des suites géométriques.

C'est embêtant pour mon épargne. Parce que l'épargne, c'est comme une capsule temporelle. C'est de l'argent que je gagne durement aujourd'hui, et que je ne dépenserai que dans 30 ans. Sauf que dans 30 ans, avec cet argent, je pourrai acheter moitié moins de trucs. Ça valait bien le coup de se casser les roustons, tiens !

On parle d'« euro constant » quand on a pris en compte l'inflation. Par exemple, si je mets de côté 100€ aujourd'hui, j'aurai 50€ en euros constants dans 35 ans.

Les intérêts composés

Les suites géométriques peuvent jouer contre nous, mais elles peuvent également être nos alliées. Ainsi existe un phénomène que l'on appelle poétiquement « intérêts composés ».

Si vous placez une somme sur un livret rémunéré, elle génère des intérêts. Si vous laissez lesdits intérêts sur ce livret, ils généreront à leur tour des intérêts les années suivantes, et ainsi de suite.

Par exemple, en plaçant 100€ sur un livret à 2% en 2014, vous obtiendrez 102€ en 2015. L'année suivante, vos intérêts seront calculés sur cette somme totale, et ainsi de suite. Ça a l'air minable, mais au bout de 35 ans, vous serez à la tête d'une fortune estimée à 200€. Au minimum, vous n'aurez pas perdu d'argent à cause de l'inflation.

Plus la période est longue, plus l'effet de levier des intérêts composés est important.

Je vous laisse miroiter ce graphique pour que vous compreniez bien l'intérêt de la chose. En bleu, vous avez la somme épargnée. En rouge, les intérêts obtenus. Voilà ce qui se passe si j'épargne 250€ par mois pendant 30 ans à un taux moyen de 5%.

La retraite se prépare à 20 ans

Voilà les bases de notre stratégie pour préparer notre retraite. Nous allons donc :

  • mettre de côté de l'argent tous les mois ;
  • l'investir pour obtenir le meilleur taux de rendement possible ;
  • et ce en commençant le plus jeune possible.

J'insiste donc sur la nécessité de commencer le plus tôt possible. Pour vous en convaincre, imaginons la situation suivante.

Alice et Bob ont mis très exactement la même somme de côté. Alice a placé 200€ tous les mois pendant 30 ans, Bob a placé 400€ pendant 15 ans, chacun ayant ainsi épargné la somme totale de 72000€. À 60 ans, Alice bénéficie d'un pécule de 160000€, contre seulement 103000€ pour Bob. Le graphique est éloquent.

Honnêtement, si vous n'avez plus 20 ans, pas la peine de vous mettre martel en tête. On ne peut pas revenir en arrière. Mais mieux vaut tard que jamais et inutile de traîner plus longtemps, donc on s'y met aujourd'hui, hop ! hop ! hop !

Épargner automatiquement

La première étape de ce plan, c'est de mettre un budget de côté tous les mois.

Plus grande la portion de revenu que vous épargnez, plus rapide sera votre indépendance financière.

Plus facile à dire qu'à faire, je sais. On fait ce qu'on peut.

Mieux vaut mettre 10€ de côté par mois que rien du tout.

L'important est de mettre en place un virement automatique. Tous les X du mois, virement automatique de votre compte courant sur lequel tombe votre salaire vers votre / vos comptes d'investissement. Tout ce qui peut être automatisé doit l'être.

Ça, c'était la partie la plus simple. Passons à la suite.

Définir une stratégie d'investissement

Le Königssee, lac Bavarois réputé pour sa clarté
Le lac Königsee en Bavière

Aah… Là on attaque les choses sérieuses, et on commence à causer comme les traders en costards noirs à rayures blanches verticales.

Si vous ne deviez retenir qu'une chose de tout ce charabia, c'est que le plus important est de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Si vous investissez 100% de votre épargne dans un appartement et que votre locataire ne paie pas son loyer, vous l'avez dans l'os. Si vous investissez 100% de votre épargne dans des actions et qu'une crise économique vient secouer les marchés, vous l'avez dans l'os.

Définir une stratégie d'investissement revient à :

  • sélectionner les produits dans lesquels on veut investir ;
  • définir quel pourcentage de l'épargne sera investi dans chaque produit.

Cette répartition doit se décider (et être réévaluée régulièrement au fil des ans) en fonction de deux critères principaux :

  • votre horizon d'investissement ;
  • votre tolérance au risque.

Par exemple, s'il vous reste 40 ans avant votre retraite et que vous laissez votre argent sur un pauvre livret A, c'est dommage. Si vous prenez votre retraite dans 2 ans et placez toutes vos économies en bourse, c'est suicidaire.

Un peu plus bas, je donnerai des cas pratiques pour vous donner une idée plus précise.

Sélectionner ses produits d'investissement

Il ne faut pas confondre ce qu'on achète, c'est à dire le produit dans lequel on va effectivement investir, et l'emballage fiscal, c'est à dire le contrat qui va servir de cadre à cet investissement.

Ainsi, une même action boursière peut être achetée dans le cadre d'un compte titre, d'un PEA, voire d'une assurance vie.

Ce que vous achetez va déterminer le risque et le taux de rendement.

Comment vous l'achetez va déterminer la fiscalité, la disponibilité des fonds, etc.

Il existe des milliers d'investissements possibles, du prêt aux PME au financement participatif de zébus.

Dans les cadres des spécifications de notre système, nous n'allons en considérer que trois parmi les plus classiques :

  • les obligations ;
  • les actions ;
  • l'immobilier.

Voici un rapide récap' avant le détail :

Produit Rendement Risque Liquidité
Obligations + + ++
Actions +++ +++ ++
Immobilier ++ ++ +

Les obligations

Les obligations sont des reconnaissances de dettes. En achetant des obligations, vous prêtez de l'argent à un émetteur qui s'engage à vous le rembourser avec intérêt. On achète traditionnellement les obligations émises par les états, forcément moins risquées que celles émises par de plus petits émetteurs. Il s'agit bien d'un prêt, votre argent est donc garanti, à moins d'une faillite de l'émetteur.

On peut acheter directement des obligations sur un marché boursier, mais on passe le plus souvent par l'intermédiaire d'un fonds qui lui investi dans diverses obligations (voir plus bas pour une explication plus détaillée sur le principe des fonds d'investissement).

La manière classique d'investir dans ces fonds est l'assurance vie. Je précise (parce que tout le monde le sait sauf ceux qui ne le savent pas) que l'assurance vie n'est plus vraiment une assurance. Oubliez donc l'appellation trompeuse. L'assurance vie est un contrat qui vous permet de déposer des fonds, et de les récupérer plus tard augmentés de leurs intérêts avec une fiscalité spécifique.

Aujourd'hui, la plupart des fonds n'achètent pas que des obligations, ils diversifient avec d'autres trucs pour améliorer un peu le rendement.

J'ai par exemple une assurance vie chez une certaine banque en ligne qui me permet d'acheter des parts d'un certain fonds, la compsition dudit fonds étant disponible sur le site. Je constate alors que quand je dépose 100€ sur mon assurance vie, j'achète en majeure partie des obligations émises par l'état français, mais également par d'autres états européens, des actions d'Orange, et des parts d'un domaine viticole du côté de Bordeaux (ce qui est plutôt surprenant). Tout ceci est totalement transparent, bien sûr.

Le rendement de l'assurance vie n'est pas terrible (entre 2% et 4% en 2015), mais c'est encore ce qui reste le moins pire au niveau des placements sûrs (les fonds sont garantis par l'état).

Attention, la plupart des contrats d'assurance vie permettent maintenant d'acheter d'autres fonds (on parle de contrat multisupport), qui ne sont pas forcément des fonds obligataires. L'argent déposé sur ces fonds n'est pas toujours garanti, méfiez-vous.

Les actions et la bourse

J'ai mis un peu de temps à débroussailler les principes de base des marchés boursiers. J'ai essayé de résumer de la manière la plus simple possible, mais il y a quand même pas mal de trucs à comprendre si on ne veut pas faire n'importe quoi.

La bourse est un marché, c'est à dire un endroit ou on s'échange des trucs en criant très fort. Sauf qu'au lieu d'acheter du fromage et du saucisson et de crier « elle est bonne elle est fraîche ma morue ! », on échange des produits financiers.

Les produits de base, ce sont les obligations (cf. plus haut) et les actions. Alors qu'une obligation est une reconnaissance de dette, une action est un titre de propriété : en achetant une action, vous détenez une petite portion d'une entreprise, ce qui vous donne le droit de percevoir une partie de ses bénéfices (dividendes).

Il y a ensuite les produits dérivés (fonds d'investissements, trackers, etc.) qui sont des moyens détournés d'acheter des actions et des obligations.

Ensuite viennent les produits financiers complexes (turbos, warrants), qui sont des trucs biens dégueulasses destinés à se faire le max de thune possible en un temps record sans se préoccuper de problèmes bien accessoires tels que la morale ou l'éthique (d'ailleurs, vous connaissez la blague du trader avec une conscience éthique ? Non ? Voilà, c'est tout, c'était ça, la blague).

On parle de la bourse, mais il y a en fait des bourses (je vous épargne les blagues foireuses au ras du kilt) : Paris, New-York, Londres, etc. En tant que français, seule la bourse parisienne nous est facilement accessible.

Investir en bourse

Pour investir en bourse, il faut passer par un courtier. Si vous voulez vous la jouer, vous pourrez passer vos ordres d'achat au téléphone avec un cigare au bec, mais de nos jours, les petites gens font ça sur le site des banques en lignes.

Il vous faudra pour cela ouvrir un compte titre, ou un PEA (plus avantageux fiscalement, mais réservé aux actions de la zone euro). Je vous laisse vous renseigner vous-même sur le principe du PEA, je ne vais pas vous mâcher tout le travail non plus.

Les investissements boursiers sont ceux qui présentent historiquement les meilleurs rendement : en moyenne de 7 à 8% sur de longues périodes.

En contrepartie des ces rendements, des risques très élevés si on ne sait pas ce qu'on fait.

D'abord, vos capitaux ne sont aucunement garantis. Si vous achetez des actions d'une boite qui coule, vos fonds sont perdus (pas pour tout le monde, rassurez vous).

Ensuite, la bourse est très volatile : un coup ça monte, un coup ça descend, et peut présenter des rendements très fortement négatifs sur de longues périodes. Par exemple, si vous aviez investi juste avant la crise de 2008, il aurait fallu attendre plus d'une dizaine d'année pour que votre investissement retrouve sa valeur d'origine.

Investir en bourse est donc pertinent lorsqu'on a la possibilité de lisser le risque, c'est à dire que :

  • vous investissez pour de très longues périodes (15 ~ 20 ans minimum) ;
  • vous disposez de suffisamment d'épargne à côté pour ne pas avoir à toucher aux capitaux investis ;
  • vous êtes conscient que la valeur de votre investissement peut très fortement évoluer à la hausse comme à la baisse d'un jour à l'autre, et ça ne vous empêchera pas de dormir ;

Investir vs. spéculer

Gros plan sur un papillon bitinant une fleur
Un papillon bûtine en gros plan
[Papillon butinant]

Il ne faut pas confondre investissement et spéculation.

Dans le premier cas, vous apportez une contribution à une entreprise pour lui permettre de remplir sa mission. Vous contribuez à de la production de valeur, et vous êtes rémunéré·e en contrepartie.

Dans le deuxième cas, vous profitez des imperfections du système (volatilité des cours) pour vous enrichir, par exemple en achetant pour revendre presque tout de suite en espérant faire une plus-value. La spéculation ne produit pas de valeur, elle permet aux uns de s'enrichir en appauvrissant les autres, ce qui me parait une définition assez fidèle du parasitisme.

Nous n'allons pas spéculer, nous allons investir. C'est à dire que nous allons acheter des actions pour les conserver à long terme. Les dividendes constitueront notre retour sur investissement.

Les indices

En fonction de l'offre et de la demande, le cours des actions monte ou descend. Mais s'il est facile de suivre le cours d'une action (son prix dans le temps), il peut aussi être intéressant de suivre le cours global d'une liste d'actions. Pour ce faire, on a créé la notion d'indice.

Par exemple, l'indice « les quarante plus grosses entreprises françaises », ou « CAC 40 » permet de mesurer l'évolution de la valeur pondérée des actions de ces 40 fameuses entreprises. Les indices sont émis et gérés par des organismes privés, il en existe des milliers en fonctions de multiples critères.

Ça permet aussi aux journalistes économiques d'écrire des titres comme « le CAC 40 entre en consolidation technique » ou « le CAC 40 tente une sortie par le haut du canal » ce qui ne veut strictement rien dire mais leur donne l'air de gens importants qui savent de quoi ils parlent.

Fonds de placement

Acheter des actions en direct n'est pas idéal. Ce n'est pas simple (il faut décider quoi acheter, quand, combien, etc.) ; ce n'est pas automatisable ; c'est risqué (on ne dépend que d'un très petit nombre d'entreprises) ; etc.

Nous allons donc procéder autrement en achetant des parts de fonds de placement.

Un fonds de placement est comme une grosse chaussette en laine qui contiendrait un gros paquet d'actions et d'obligations. Au lieu d'acheter directement des actions, on achète une part de la chaussette, c'est à dire qu'on devient indirectement propriétaire d'une fraction de tout ce qui est contenu dans la chaussette.

Chaque chaussette est gérée par un organisme gestionnaire, c'est à dire des gens à l'air sérieux qui décident de ce qu'ils achètent ou vendent pour ajouter ou sortir de la chaussette.

On achète une part de chaussette de la même manière qu'on achète une action, c'est à dire que le fonds émets des parts sous forme d'actions (on parle de fonds côtés, ou ETFs en anglais). On comprends donc qu'un fonds de placement peut très bien contenir des parts d'autres fonds, que deux fonds peuvent détenir des parts l'un de l'autre, et que ça peut vite devenir le bordel. Mais cela ne nous concerne pas ici.

L'organisme gestionnaire se rémunère en appliquant des frais de gestion plus ou moins élevés, et ce même si le fonds a perdu de l'argent.

Fonds indiciels

Les fonds de placement activement gérés présentent des inconvénients. D'abord, les frais prélevés peuvent être importants. Ensuite, l'organisme de gestion spécule plus ou moins pour essayer d'obtenir un rendement plus élevé que la moyenne (on parle de « battre le marché »). Dans la mesure ou ledit marché est en grande partie irrationnel et imprévisible, c'est quasiment impossible à faire sur le long terme.

Aux États-Unis, de petits malins sont parti d'un constat très simple : si l'économie est volatile a court / moyen terme, elle est rigoureusement croissante sur le long terme. Si on pouvait créer un fonds de placement qui n'essaye pas de faire le malin mais reste très exactement dans la moyenne, alors on obtiendrait un retour positif à long terme, tout en minimisant les frais de gestion.

Ainsi sont nés les fonds indiciels ou trackers (index funds en anglais), qui sont pilotés par des algorithmes chargés de répliquer des indices.

Le fonctionnement est le suivant : imaginons un fonds chargé de répliquer le CAC 40. Si le CAC 40 est composé à 12% de Total, 10% de Sanofi, etc. alors l'algorithme va acheter et revendre des actions jusqu'à ce que le contenu de la chaussette reflète très exactement cette composition. J'obtiens un fonds de placement dont le rendement est très exactement (à quelques poils près) le même que l'indice répliqué.

Et pourquoi rester chauvin quand le monde est à nos portes ? Car il existe des fonds chargés de répliquer le marché dans son ensemble, vous permettant ainsi, avec un investissement minimal, d'acheter une toute petite fraction de milliers d'actions d'entreprises aux 4 coins du monde.

Évidemment, en achetant ce truc, vous détiendrez des parts de sociétés réputées pour leur grande éthique, comme Apple, Exxon, Microsoft, Nestle, etc. À vous de trouver le compromis éthique / simplicité / risque qui vous convient en dénichant l'indice et le fonds adéquats.

Choisir le(s) bon(s) tracker(s)

Comme rien n'est jamais simple, il existe quelques critères importants à considérer lors de votre recherche de trackers :

  • l'indice : l'indice répliqué par le tracker ;
  • frais de gestion : la portion de votre capital qui sera prélevée chaque année pour couvrir les frais (au dessus de 0.8 ~ 0.9%, vous vous faites gravement enfler) ;
  • frais d'entrée / sortie : la portion de votre capital qui sera prélevée à chaque achat / revente de parts (au dessus de 0%, vous êtes un sacré pigeon) ;
  • l'émetteur : la société qui gère le tracker ;
  • souscription minimale : l'investissement minimal (en général, une seule part) ;

Il faut également prêter attention à un truc appelé « mode de réplication ». Certains trackers dont la réplication est dite « synthétique » ne détiennent pas vraiment les actions qui correspondent à l'indice, ils se contentent de chercher à obtenir les mêmes performances via des montages contractuels et financiers auxquels, pour tout vous avouer, je n'entrave que pouic. Vérifiez bien que le tracker utilise une réplication « physique », c'est à dire qu'il achète effectivement les actions correspondantes à l'indice.

Enfin, dernier critère de grande importance, celui des dividendes. Les dividendes peuvent être reversés ou réinvestis. Reversés, cela signifie que vous recevrez en espèces sonnantes et trébuchantes le montant de vos dividendes. Réinvestis, cela signifie que les dividendes restent dans le fonds et servent à le faire grossir plus vite, c'est à dire que le prix des parts augmente plus rapidement.

Comme nous voulons réinvestir nos intérêts et nous éviter des démarches et frais superflus, préférez les trackers aux dividendes réinvestis.

Toutes ces informations sont contenues dans un document appelé « Document d'information clé pour l'investisseur (DICI) » existant pour chaque tracker.

Les américains vouent un véritable culte à la société Vanguard, à l'origine des fonds indiciels. Malheureusement, les produits de cette société tels qu'ils sont vantés dans la littérature anglo-saxonne ne nous sont pas accessibles, à nous pauvres européens. Par ailleurs, la France présente certaines spécificités au niveau législatif. Ce que vous lirez sur les sites américains sera donc à adapter.

L'immobilier

Vient ensuite l'immobilier. Ça, tout le monde connaît le principe, donc on va essayer de faire simple et rapide, d'autant que ce billet commence à être furieusement long.

J'ai beaucoup lu, mais n'ai jamais acheté d'immobilier. Je ne parle donc pas en connaissance de cause. Voici un récap' de ce que je sais / crois savoir.

Tout le monde à un avis sur l'immobilier, mais la plupart des gens racontent des conneries, parce qu'ils se contentent de répéter des idées reçues, ou pensent que la situation d'hier est la même que celle d'aujourd'hui. Attention à bien démêler le vrai du faux et à séparer le fantasme de la réalité.

Les prix de l'immobilier ont augmenté de manière grotesque depuis 2000. N'achetez donc qu'après avoir calculé très précisément votre coup.

Le rendement moyen des investissements immobiliers tourne aux alentours de 5%, peut-être un peu plus pour les très bons coups. C'est en tout cas en forte baisse dans le cas général.

Non, payer un loyer, ce n'est pas (forcément) jeter de l'argent par les fenêtres.

La spéculation immobilière est la principale raison qui fait qu'il est devenu très difficile d'acheter son logement, qu'on se tape des loyers aussi élevés, et qu'on vit dans des appartements dont la conception privilégie la rentabilité pour les investisseurs plutôt que le confort des habitants. Si vous avez acheté un appartement en 2000 pour le revendre le double 10 ans plus tard, vous êtes un·e enfoiré·e de parasite qui tond la laine sur le dos de la génération d'après (la mienne).

Il n'y a pas que l'immobilier d'habitation dans la vie : les places de parking, les bureaux, les commerces peuvent constituer des placements bien plus intéressants, et bien moins risqués.

L'intérêt d'investir dans l'immobilier, c'est qu'il est possible de le faire à crédit. C'est à dire qu'il est possible d'acheter un bien immobilier à crédit, de toucher dés le premier jour 100% des intérêts, et d'utiliser ces intérêts pour rembourser ledit crédit, diminuant d'autant l'effort d'épargne. Je m'y pencherai un jour, mais ne l'ai toujours pas fait au moment ou j'écris ces lignes.

Difficile de diversifier ses investissements quand il faut investir d'emblée plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un seul bien.

Une solution alternative est d'investir dans les SCPI. Les SCPI sont l'équivalent des fonds de placement pour l'immobilier. Au lieu d'acheter un bien, vous investissez dans une société qui gère un parc immobilier. Ça permet d'investir de petites sommes sans trop s'embêter, ça lisse les risques, mais le taux de rendement est inférieur puisqu'il y a des frais de gestion à payer.

Exemples d'investissement

Je vous avais promis que ce billet serait concret, on ne me surprendra pas à trahir ma promesse. Voici quelques exemples concrets d'investissements. Attention, ces exemples sont à adapter en connaissance de cause en fonction de votre situation personnelle.

Encore une fois, notez que ce sont des exemples à titres informatifs, il ne s'agit pas de conseils ou recommandations de ma part. Je ne suis pas conseiller économique.

Rappelez vous les différentes étapes :

  1. définissez votre stratégie d'investissement ;
  2. choisissez vos produits d'investissement ;
  3. mettez en place des virements automatiques pour que tout roule tout seul ;
  4. attendez et profitez.

Exemples de stratégies

Attention, cette répartition concerne uniquement les fonds destinés à votre retraite. Donc des fonds que vous ne toucherez pas avant vos 60 ans. Le reste de votre épargne (épargne d'urgence, étude des gamins, projet d'année sabbatique, achat d'un yacht, etc.) n'est pas inclus dans ce tableau, à vous de le gérer comme vous le voulez (je ne suis pas votre mère, non plus).

Par ailleurs, pour ceux qui ont des besoins de défiscalisation, je vous laisse vous débrouiller avec vos problèmes de riches.

Obligations / Assurance vie Immobilier / SCPI Actions / Compte titre ~ PEA
Entre 25 ~ 30 ans 20% 20% 60%
Entre 30 ~ 45 ans 20% 30% 50%
Entre 45 ~ 60 ans 45% 40% 15%

Ouverture d'une assurance vie

Si vous avez du temps à y consacrer, comparez les différents contrats d'assurance vie chez les banques en ligne, souvent plus intéressants que ceux des banques classiques.

Ouvrez une assurance-vie même si vous n'avez pas prévu d'y déposer des fonds tout de suite. La fiscalité ne devient vraiment avantageuse qu'au bout de huit ans, ça sera toujours ça de pris.

Ouverture d'un compte titre et PEA

Pour acheter des trackers, il faut un compte titre et / ou un PEA, ainsi qu'un compte courant à côté pour y déposer / recevoir des fonds. Il y a grosso-modo un seul truc à considérer : les frais de courtage, c'est à dire les frais que vous allez payer au moment de passer un ordre d'achat.

De nos jours, les tarifs des banques en lignes sont là encore difficile à battre, et de toutes façons vous n'allez pas passer 150 ordres par semaines.

N'oubliez pas d'ouvrir un compte titre et un PEA, ça ne coûte pas plus cher.

Sélection et achat de trackers

Ici, vous avez plusieurs possibilités. Soit vous voulez faire une recherche et constituer votre propre portefeuille de trackers. Libre à vous. Sinon, vous pouvez vous contenter d'acheter un tracker « monde », et on n'en parle plus.

Les amerloques peuvent acheter ça. Nous, non.

Voici la liste des trackers que j'achète personnellement. N-ième rappel : il ne s'agit absolument pas d'un conseil ou d'une recommandation de ma part.

iShares Core S&P 500 UCITS ETF (CSPX) 50%
VANGUARD FTSE Developed Europe UCITS ETF (VEUR) 30%
iShares MSCI Emerging Markets (Acc) (IEMA) 7%
iShares MSCI Japan UCITS ETF (Acc) (CSJP) 7%
iShares Core MSCI Pacific ex Japan UCITS ETF (CPXJ) 6%

Tous ces trackers sont indiciels, frais réduits, à réplication physique, à dividendes réinvestis (sauf le deuxième, mais ce n'est pas grave car on peut y souscrire dans le cadre d'un PEA).

Il est possible d'acheter les trackers un par un (avec une part qui peut varier de quelques euros à plusieurs centaines), mais la multiplication des frais fait qu'il est plus intéressant d'attendre d'avoir réuni une certaine somme pour en acheter un paquet en une seule fois.

Par exemple, j'ai mis en place une alerte automatique qui m'envoie un email lorsque la somme présente sur mon compte courant excède 1000€. Je me connecte alors sur l'interface de la banque et passe les ordres d'achat (vous verrez, c'est amusant) en essayant de maintenir la répartition mentionnée ci-dessus.

Références

La vue du Mont Brandon
Vue du Mont Brandon, Irlande

Je ne vous demande pas de me croire sur parole. Voici quelques références intéressantes de sites et livres pour ceux qui veulent aller plus loin.

Le blog de Mr Money Mustache est une véritable bible en matière de conseils pour atteindre l'indépendance financière.

Le wiki des investisseurs passifs est également une très bonne source d'informations techniques, malheureusement pas toujours adaptées au marché français.

Le site Immobilier Danger radote beaucoup, mais c'est une rare ressource sur l'immobilier en France qui sait rester lucide et se base sur les chiffres plutôt que les entrailles de poulet.

Les secrets de la monnaie par Gérard Foucher. Un bouquin d'économie écrit par quelqu'un qui n'est pas qu'économiste, c'est toujours intéressant. Ce livre présente les mécanismes de la création monétaire, et les conséquences de ces mécanismes pour notre société. Pour la culture générale.

Conclusion

Ceux qui se disent qu'on parle un peu trop de politique, compta et économie sur Miximum ont raison. Promis, demain, j'arrête.